Mon prochain voeu au Conseil de Paris : les 400 logements sociaux et intermédiaires du futur quartier Saint-Vincent-de-Paul doivent être réservés aux infirmiers, aides-soignants et internes de l'AP-HP
Vœu de Marie-Claire Carrere-Gee et des élus Changer Paris tendant à réserver les 400 logements sociaux et intermédiaires de Saint-Vincent-de-Paul aux personnels et internes de l’AP-HP et des établissements de santé privés d’intérêt collectif (ESPICs) parisiens
Paris et les Parisiens ont payé le plus lourd tribut à l’épidémie liée à la Covid-19. 2 400 Parisiens sont morts. 25 000 personnes ont déjà perdu leur emploi. Les indépendants et commerçants menacés de faillite se comptent par milliers. 10 000 Parisiens de plus sont au RSA. Si les médecins, infirmiers, aides-soignants et étudiants en médecine n’avaient pas été là, avec tout leur professionnalisme, leur courage et aussi leur humanité, le bilan aurait été plus catastrophique encore. Aujourd’hui, Paris doit dire merci à ses soignants.
Bien sûr, aider les personnels hospitaliers et les internes à se loger n’est pas de la seule responsabilité de la Ville de Paris. Il appartient également aux établissements de santé de faire tous leurs efforts pour attirer et fidéliser des personnels. Des décisions, récentes ou non, de l’AP-HP et des ESPICs parisiens montrent qu’ils ont conscience qu’investir dans les ressources humaines contribue à mieux garantir la qualité des soins. Mais Paris, une ville où le logement est si cher, a aussi sa responsabilité. Son engagement, matérialisé par une convention triennale portant sur la réservation de 500 logements, doit changer d’échelle. C’est un enjeu humain. C’est un enjeu pour la qualité des soins. C’est un enjeu pour l’attractivité de Paris.
Actuellement, au moins 400 infirmiers manquent à l’appel dans les services hospitaliers parisiens. L’AP-HP ne parvient pas à en recruter en nombre suffisant : les salaires à l’hôpital sont trop faibles pour se loger à Paris. Et parmi les personnels soignants non médicaux en poste, la moitié vit à plus de 45 minutes de son lieu de travail, près du 1/3 à plus d’une heure. Ce sont des conditions difficilement compatibles avec les exigences de la permanence des soins, mais aussi de la vie familiale de nombreux personnels, en particulier pour les familles monoparentales. Beaucoup d’internes, qui contribuent à faire tenir le service hospitalier et la permanence des soins, sont également dans une inadmissible situation de précarité compte tenu du coût du logement. Ils travaillent, en moyenne, autour de 60 heures par semaine, parfois 70 heures dans certains services. Changeant d’hôpital chaque semestre, aux quatre coins de Paris, beaucoup habitent malheureusement loin de leur lieu de travail : comment se loger à Paris avec une rémunération de 1500 euros et une indemnité logement de … 28 euros par mois ? 400, c’est précisément aussi le nombre de logements sociaux et intermédiaires que Paris s’apprête à créer sur le site si emblématique de l’ancien Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14eme arrondissement.
Pendant près de 400 ans, l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul a incarné l’avenir de Paris, dans cet arrondissement si hospitalier qu’est le 14e. Tant de Parisiens y sont nés, tant d’autres y ont été soignés lorsqu’ils étaient enfants. Les professionnels de santé y ont toujours été au rendez-vous.
Pour que Paris, en cette année si particulière, soit au rendez-vous pour ses soignants, Marie-Claire Carrere-Gee et les élus Changer Paris forment le vœu que tous ces 400 logements de Saint-Vincent de Paul soient réservés aux infirmiers, aux aides-soignants et brancardiers ainsi qu’aux internes de l’AP-HP et des ESPICs parisiens. Le Syndicat des Internes des Hôpitaux de Paris (SIPH) et l’InterSyndicale Nationale des Internes ont d’ailleurs apporté leur soutien à cette démarche.
Ce ne serait que justice. Ce serait un geste symbolique de reconnaissance de la part de Paris et de tous les Parisiens. Ce serait le signal d’un renouveau de l’attractivité de Paris, car Paris sans la santé n’est plus Paris.