Ma question d'actualité au Conseil de Paris
Madame la Maire,
Chacun le sait, en une seule mandature, vous avez laissé aux Parisiens une énorme dette : 6 milliards d’euros avant la pandémie, 7 milliards à la fin de l’année.
Mais vous creusé une autre dette, bien plus extravagante encore et qui concerne cette fois tous les Français : la dette CO2 de Paris, que vous aurez également fait exploser en 6 ans seulement.
Car derrière les jolies photos d’une agréable couleur verte, comme dirait Babar, derrière les grandes déclarations et autres engagements pour le climat dont vous rêvez d’être l’héroïne, vous êtes la Maire qui, entre 2014 et 2020, aura densifié Paris comme personne.
Durant votre première mandature, vous avez en effet autorisé la création de 4 618 560 mètres carrés dans la capitale. Nous vous ferons grâce de ne pas comptabiliser les années où vous étiez adjointe à l’urbanisme : le nombre de mètres carrés autorisés grimperait encore follement, à 7 430 000 m2, soit 825 000 m2 par an sur une période de 9 années, de 2011 à 2019 inclus.
De fait, quand tous les autres secteurs d’activité à Paris (transport aérien, alimentation, transports, énergie) produisaient de moins en moins d’émissions, contribuant depuis 2004 à une baisse de 20% de notre empreinte carbone, l’activité de construction et tout ce qu’elle implique (les matières premières de construction notamment) constituent LE gros point noir des émissions imputables à Paris.
L’impact de ce secteur a ainsi progressé de 70% entre 2004 et 2018 : vous l’évaluez vous-même à 0,45 million de tonnes de CO2 par an dans le Bilan carbone 2018 de la Ville de Paris, soit 2,7 millions de tonnes de CO2 en une mandature.
C’est PLUS que les émissions annuelles des aéroports de Roissy ET d’Orly réunis, directes et indirectes : elles étaient évaluées à 2 millions de tonnes avant la crise sanitaire par le Bilan carbone d’Aéroports de Paris.
Et tout cela sans compter les émissions liées à l’occupation de ces nouveaux locaux, ni le surcroît de besoins de transports ou d’énergie qu’ils induisent chaque année : car oui, la densité a son coût propre, très élevé et que vous ignorez superbement.
Malheureusement, non seulement vous avez un très sombre bilan carbone, mais… vous avez des projets. Rien que dans le 14e arrondissement, l’opération Saint-Vincent-de-Paul, c’est environ 50 000 mètres carrés de surface de plancher. Et dans le quartier Maine-Montparnasse, on aura construit ou rénové quelque 300 000 mètres carrés. Je citerai également, dans le 12e, les projets Charenton Meunier, Les Messageries, Garage Nation contre lesquels se bat Valérie Montandon aux côtés des habitants.
Madame la Maire, votre dette écologique est déjà extravagante.
C’est pourquoi, Madame Hidalgo, les Parisiens vous le demandent : allez-vous l’aggraver encore ? allez-vous continuer à densifier Paris ?
Pour compenser votre bilan carbone de 2,7 millions de tonnes de CO2 en une seule mandature, vous nous promettez de planter des arbres.
Vous avez raison : il en faut, partout à Paris. Durant la campagne, vous avez promis d’en planter 170 000, soit 7,7 arbres par jour. D’ailleurs, depuis le 28 juin dernier, vous auriez aurait déjà dû en planter plus de 2 800, sans en abattre un seul : où sont-ils ?
Et pourtant… avec cette promesse irréalisable des 170 000 arbres, vous êtes est loin du compte. Vous êtes même à deux ordres de grandeur de compenser vos constructions effrénées.
On le sait en effet, un arbre absorbe (au maximum) 35 kg de CO2 par an.
A supposer, Madame la Maire, que vous lâchiez votre truelle durant toute la nouvelle mandature et que vous ne construisiez plus rien, seule une forêt de 77 millions d’arbres absorberait en un an votre dette écologique comme Maire de Paris.
Même en serrant bien les arbres lors de leur plantation, avec 1 000 arbres par hectare, c’est une forêt de 770 km2 qu’il faudrait planter. Soit 7 fois la superficie de Paris.
Pour oublier votre 1ere mandature, il faut imaginer Paris tout entière recouverte, exclusivement, de forêts, sur 7 étages.
Il ne vous restera plus qu’à inventer le concept de « forêt de grande hauteur » …